Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/253

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qu’empirer la situation du malheureux ; elles feront supposer une complicité, une préméditation à laquelle nous n’avons pas songé jusqu’à présent ; car, jusqu’à présent, contre lui, nous n’avons pas cherché d’autre témoin que lui-même.

– N’avez-vous donc pas vu, vous, monsieur, auquel rien n’échappe, continua Madeleine avec une animation croissante, qu’il ne s’était avoué coupable que pour détourner les soupçons qui planaient sur ce vieillard, sur son père ?

– Ce dévouement serait fort beau, en effet, continua froidement le magistrat, s’il était plausible ; mais, hélas ! il lui manque sa raison d’être : M. Coumbes n’est pas le père de l’accusé.

– Que dites-vous, M. Coumbes n’est pas le père de Marius !

– Les quelques moments d’entretien que je viens d’avoir avec vous, mademoiselle, m’ont mis à même d’apprécier votre caractère. Je vous plains ; mais vous excitez en moi assez d’intérêt pour que je tente d’arracher le bandeau que vous voulez conserver sur vos yeux, pour que je porte le fer et le feu dans la plaie. Non mademoiselle, Marius n’est point le fils de M. Coumbes. Nous vivons dans un siècle où l’on a fait justice des sots préjugés de la naissance ; cependant le sentiment de l’équité humaine n’a pas osé s’affranchir de celui que vous rencontreriez, si vous