Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/254

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persistiez dans votre volonté de vouloir vous allier avec ce jeune homme.

– Achevez, monsieur ; de grâce, achevez ! s’écria Madeleine haletante d’émotion.

– Le père de Marius a été justement flétri par la justice. Le père de Marius ne s’appelle pas M. Coumbes, il s’appelle Pierre Manas.

Madeleine s’était levée pour entendre ce que le magistrat allait lui répondre. Lorsqu’il eut fini, elle retomba sur son fauteuil, comme si ces paroles eussent contenu l’arrêt de sa mort. La force qui l’avait soutenue jusque-là l’abandonna tout à coup. Les sanglots l’étouffaient, et elle voila de ses mains son visage chargé de larmes.

Le magistrat se pencha vers elle.

– Prenez courage, mon enfant, lui dit-il ; vous m’appreniez tout à l’heure que vous aviez fait de bonne heure votre apprentissage de la vie sérieuse, c’est le moment d’en profiter. Ce que l’on appelle amour, à votre âge, vient plus encore de l’imagination que du cœur. Ce que vous éprouvez ne doit donc pas vous affliger outre mesure. Figurez-vous que vous avez fait un rêve et que le moment du réveil est venu. Soyez plus prudente, à l’avenir ; défiez-vous de cette exaltation de sentiments qui, quelquefois, pour mieux tromper ceux qu’elle abuse, prend les apparences