Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/271

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la rue avec autant de vigueur qu’il en avait déployée, et ses fureurs maternelles lui prêtant une force surnaturelle, elle le suivit à quelques pas de distance.

Tout en courant, elle appelait au secours.

Pierre Manas fit volte-face.

– Ah ! je te tiens ! s’écria Millette en se cramponnant à ses vêtements ; ne crois pas m’échapper, je ne te quitte plus, je m’attache à toi comme ton ombre.

Et, remarquant que le misérable avait levé la main sur elle :

– Frappe-moi, continua-t-elle en lui présentant sa poitrine ; frappe-moi, je ne te crains plus ; tue-moi si tu veux ! Dieu ne voudra pas que l’innocent périsse au lieu du coupable, et, de mon corps pantelant et inanimé, une voix s’élèvera qui répétera, comme je te le répète : C’est Pierre Manas, le forçat qui est un voleur et un assassin ; c’est Pierre Manas qui a volé et assassiné M. Riouffe ; ce n’est pas mon enfant.

La situation de Pierre Manas devenait critique.

Il se trouvait vis-à-vis d’une des maisons les plus noires et les plus sordides des ruelles ignobles qui sont la honte du vieux Marseille, dans un de ces égouts à ciel ouvert où, parmi les plus dégoûtantes ordures, grouille et pullule un cinquième de la population