Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/313

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de la nuit. Madeleine le conduisit dans le chalet auprès de son frère.

Le coutelas de Pierre Manas avait frappé M. Jean Riouffe à la poitrine et pénétré dans ses cavités en touchant les parois du cœur ; la blessure était dangereuse, mais non mortelle. L’arme, dans son contact avec le plus essentiel de nos organes, avait produit une hémorragie pulmonaire et amené cette longue syncope qui, pendant plus de trente heures, avait privé le blessé de sentiment.

Il répéta au magistrat ce qu’il avait dit à sa sœur, et le signalement qu’il donnait de son assassin s’accordant parfaitement avec celui du meurtrier de Millette, commençait à éclaircir cette lugubre histoire. Il remit un mot à Madeleine pour le juge d’instruction, afin de supplier celui-ci – en s’appuyant sur le vœu de la mourante – d’ordonner, provisoirement du moins, l’élargissement de Marius.

Cependant Millette faiblissait d’instants en instants.

Elle fit des efforts surhumains pour donner au magistrat des détails sur ce qui s’était passé entre son mari et elle ; elle y parvint, mais ces efforts achevèrent de l’épuiser. On avait débridé et élargi la plaie ; seulement la contraction des muscles, lorsqu’elle avait contenu Pierre Manas, pour donner le temps à M. Coumbes de se mettre en défense, avait amené un épanchement interne considérable ; la