Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/314

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respiration devenait plus difficile, son bruit plus strident. Une écume rougeâtre paraissait sur ses lèvres à chaque hoquet que lui arrachait la douleur ; le cercle bleuâtre de ses yeux s’étendait ; ceux-ci devenaient atones ; des gouttes d’une sueur glacée perlaient sur son front, et sa peau si blanche et si satinée, paraissait rugueuse.

Le triste spectacle de cette agonie avait achevé de faire tourner la tête à M. Coumbes. Il semblait qu’au moment de perdre cette compagne, il sentit tout le prix du trésor que, pendant vingt années, il avait si longtemps méconnu, et qu’il expiât son ingrate indifférence. Son désespoir s’exprimait par une sorte de rage ; il ne voulait pas admettre qu’un sacrifice d’argent ne pût pas lui conserver Millette, et sa douleur, vaniteuse encore, exaltait ce qu’il était disposé à faire. Il maltraitait le médecin ; il troublait les derniers moments de la mourante ; il fallut l’éloigner d’elle.

Millette, au contraire, conservait toute sa sérénité et tout son calme. Lorsque le prêtre succéda à l’homme de l’art, elle écouta ses exhortations avec le recueillement de la foi sincère. Cependant, et malgré sa ferveur religieuse, de temps en temps elle paraissait inquiète ; elle soulevait péniblement la tête au-dessus de l’oreiller ; elle écoutait attentive ; ses lèvres s’éclairaient d’un sourire ; une vague lueur