Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/319

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Madeleine avec une vigueur de végétation tropicale. M. Coumbes aimait à monter sur l’échelle à l’aide de laquelle Marius se rendait auprès de celle qu’il aimait, à contempler ce champ de désolation, à suivre les progrès que la consomption produisait sur les arbustes, à compter les traces que chaque mistral laissait sur le joli chalet. Il trouvait, dans cette constatation de son triomphe, l’oubli des chagrins qui avaient empoisonné les dernières années de sa vie, et, après une bonne séance en face de ce spectacle, lorsqu’il rentrait dans sa demeure, la solitude lui paraissait moins amère.

Sa catastrophe avait encore d’autres compensations : elle avait établi d’une manière solide la réputation de bravoure que M. Coumbes avait ambitionnée. À Montredon, les pères racontaient ses exploits à leurs enfants ; ils formaient le texte des récits de toutes les veillées.

Pendant les premières années, tout ce qui rappelait à M. Coumbes celle qui lui avait été si humblement dévouée le faisait frissonner ; mais peu à peu les compliments qu’on adressait à sa conduite chatouillèrent assez agréablement son amour-propre pour que ce dernier sentiment étouffât à la fois ses regrets et ses remords ; et bientôt son ancienne vanité se trouva si bien du relief qui en résultait pour lui, que, loin de craindre les conversations qui