Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/34

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lui causait cette apparition, il avait coupé la corde, et Millette était tombée sur le lit.

Furieux de se voir privé de ce qu’il regardait comme la partie la plus intéressante du divertissement qu’il s’était promis, Pierre Manas se précipita sur M. Coumbes, en jurant qu’il les pendrait tous les deux. Celui-ci n’était ni brave ni fort ; mais l’exercice de sa profession lui avait donné une grande adresse. Il se plaça devant le lit de la pauvre jeune femme, et tint tête à cette bête féroce jusqu’à l’arrivée des voisins.

Après eux, vint la garde. Pierre Manas fut conduit en prison, et la pauvre jeune femme put recevoir les premiers soins.

Il va sans dire que ce fut M. Coumbes qui les lui prodigua. Depuis longtemps, la douceur, la résignation avec laquelle Millette supportait son horrible situation, avaient touché son cœur, qui, cependant, était trop personnel pour être tendre. Il s’ensuivit une certaine liaison entre la locataire du grenier et son voisin de l’étage inférieur ; liaison tout amicale, car, lorsque Pierre Manas passa en police correctionnelle, lorsqu’un avocat obligeant demanda à Millette si elle ne sollicitait pas la séparation de corps, il ne vint point à l’idée du portefaix qu’il avait dans son secrétaire la somme, faute de laquelle la pauvre créature ne pouvait espérer de repos ici-bas.