Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/71

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monuments les prendrait infailliblement sous sa protection.

Pendant que la chose se plaidait, les habitants et habitués du chalet faisaient à leur voisin une guerre d’escarmouches.

Aucune des avanies ordinaires en pareil cas ne lui était épargnée. Chaque jour, M.  Riouffe, par quelque tour d’écolier, ajoutait aux griefs qui ulcéraient déjà le cœur de M.  Coumbes, lequel, depuis lors, vivait dans un état d’exaspération continue, et annonçait tout haut à ceux qui voulaient l’entendre que, dans cette lutte, il ne céderait pas et se ferait tuer pour la défense de son foyer. Afin de manifester clairement ses intentions, il se livrait ostensiblement à l’exercice des armes à feu, et, établi dans sa chambre comme dans un poste, il guettait avec la patience du sauvage les oiseaux qui viendraient se percher sur des cimeaux qu’il avait établis au milieu de son jardin.

Mais, comme la plupart du temps les oiseaux ne venaient pas, il criblait les branches de son plomb. Ses persécuteurs ne s’épouvantaient pas du bruit, comme M.  Coumbes l’avait supposé, et bien souvent lorsqu’un moineau audacieux, ayant échappé à ses projectiles, s’envolait à tire-d’aile, une bordée de vigoureux sifflets, partie de la maison voisine, venait insulter à la maladresse du chasseur.

Un matin, M.  Coumbes avait failli obtenir une écla-