Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/94

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son cœur pour obtenir de sa raison qu’il consente à ce sacrifice d’un vain amour-propre.

– Je voudrais ne pas vous refuser, mademoiselle, dit Marius, qui résistait difficilement aux instances de la jeune fille ; mais songez donc que, dans cette querelle, je suis fâché de vous le certifier encore, monsieur votre frère a tous les torts. Il ne m’appartient point d’ouvrir par avance les portes à une réparation de ce genre ; j’aurais l’air d’avoir peur.

Mlle  Riouffe sourit de l’émotion avec laquelle Marius avait prononcé ces derniers mots.

– Non, monsieur, reprit-elle, car mon frère n’ignorera point vos répugnances, et je serai la première à lui apprendre ce qu’il m’a fallu de prières et d’instances pour vous décider à me laisser terminer pacifiquement cette affaire. D’ailleurs, monsieur, vous me paraissez si jeune, que vous aurez le temps de prouver à ceux qui se permettraient d’en douter, que la fermeté de votre cœur ne dément pas la courageuse hardiesse de votre regard.

Marius rougit encore à ce compliment, qui lui prouvait que, s’il avait curieusement analysé la beauté de la jeune fille, celle-ci n’avait point été sans jeter quelque coup d’œil sur les avantages extérieurs de son interlocuteur.

– Mademoiselle, reprit-il chancelant dans sa résolution.