Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/205

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ber tous les jours une parcelle de bois avec la pointe de sa faux, était grand comme une chambre ordinaire.

Cependant l’entrée en était suffisante à peine au passage d’un homme.

Thibault s’y glissa.

Il y trouva une espèce de siège taillé dans l’épaisseur du tronc, s’y assit aussi doucement et confortablement que dans un fauteuil à la Voltaire, souhaita la bonne nuit à ses loups et à ses chats-huants, ferma les yeux et s’endormit ou parut s’endormir.

Les loups se couchèrent en cercle autour de l’arbre.

Les hiboux et les chouettes perchèrent dans les branches.

Avec ces lumières répandues à ses pieds, avec ces lumières éparses dans les branches, le chêne ressemblait à un grand if illuminé pour quelque fête infernale.

Il était grand jour quand Thibault se réveilla.

Depuis longtemps les loups étaient rentrés dans leurs cavernes, et chouettes et hiboux avaient regagné leurs ruines.

Il n’était plus question de la pluie de la veille.

Un rayon de soleil, un de ces rayons encore pâles, mais qu’on reconnaît cependant pour des messagers du printemps, glissait à travers les branches dépouillées des arbres, et, à défaut de la verdure annuelle encore absente, faisait reluire l’éternelle et sombre verdure du gui.

Un bruit de musique se faisait vaguement entendre dans le lointain.

Mais peu à peu ce bruit approchait, et l’on pouvait commencer à distinguer que le concert se composait de deux violons et d’un hautbois.

D’abord Thibault crut rêver.

Mais, comme il était grand jour, comme il paraissait avoir la pleine jouissance de son esprit, force fut