Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/243

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Il comprit alors que le comte, pour qu’il ne pût fuir, avait coupé ou fait couper les jarrets à son cheval.

– Ah ! mordieu ! dit-il, si je vous rencontre, M. le comte de Mont-Gobert, je vous jure bien que je vous couperai les jarrets comme vous les avez coupés à cette pauvre bête.

Et il s’élança hors de la fabrique. Thibault reconnut le chemin par où il était venu, et qui le ramenait à la brèche.

Il marcha rapidement vers l’ouverture de la muraille, l’atteignit, escalada les pierres et se trouva hors du parc.

Mais là il vit un homme immobile et l’épée à la main.

Cet homme lui barrait la route.

Thibault reconnut le comte de Mont-Gobert.

Le comte de Mont-Gobert crut reconnaître Raoul de Vauparfond.

– Tirez votre épée, baron ! dit le comte.

Toute explication était inutile. D’ailleurs, Thibault, à qui le comte arrachait des mains une proie sur laquelle il avait déjà mis l’ongle et la dent, Thibault ne le cédait point en colère au comte.

Il tira, non pas son épée, mais son couteau de chasse.

Les fers se croisèrent.

Thibault, qui jouait passablement de la canne et du bâton, n’avait aucune idée de l’escrime.

Il fut donc tout étonné lorsque, ayant mis l’épée à la main instinctivement, cela lui semblait ainsi du moins, il se trouva en garde et couvert selon toutes les règles de l’art.

Le comte lui porta les uns sur les autres deux ou trois coups qu’il para avec une admirable habileté.

– Oui, en effet, murmura le comte, les dents ser-