Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/258

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La comtesse avait à peine achevé ces mots qu’elle poussa un cri et fit un bond en arrière. Il lui semblait qu’une voix avait répondu :

– Moi !

Et les rideaux de serge verte avaient tremblé.

Mais ce n’était point un cœur faible que la comtesse. Elle prit le cierge qui brûlait à la tête du lit et plongea son regard entre le rideau de serge verte et la muraille. Il n’y avait personne.

Elle vit une porte fermée, voilà tout.

Elle remit le cierge à sa place, prit dans un petit portefeuille une paire de ciseaux d’or, coupa une boucle de cheveux au cadavre, mit cette boucle de cheveux dans un sachet de velours noir pendu sur son cœur, baisa encore une fois le front du cadavre, lui rejeta son linceul sur la tête et sortit.

Au seuil de la porte, elle rencontra le prêtre et fit un pas en arrière en épaississant son voile.

– Qui êtes-vous ? demanda le prêtre.

– La douleur, répondit-elle.

Le prêtre se rangea et la laissa passer.

La comtesse et sa suivante étaient venues à pied.

Elles s’en retournèrent à pied.

Il n’y avait qu’un quart de lieue de Puiseux à Mont-Gobert.

À moitié route à peu près, un homme se détacha du tronc d’un saule derrière lequel il était caché et barra le passage aux deux femmes.

Lisette jeta un cri.

Mais, sans manifester aucune crainte, la comtesse s’avança vers cet homme.

– Qui êtes-vous ? demanda-t-elle.

– Celui qui vous a répondu : Moi ! tout à l’heure, quand vous avez demandé qui vous dénoncerait le meurtrier.