Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/35

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Chacun devait étudier avec soin le chemin qu’il parcourrait, afin de s’assurer si le loup était toujours dans la remise. Le garde champêtre tenait les chiens de Mocquet couplés.

Chacun prit sa place à l’endroit de la remise où sa marche le conduisit.

Le hasard fit que, Mocquet et moi, nous nous trouvâmes placés sur la face nord de la garenne, c’est-à-dire sur celle qui était parallèle à la forêt. Comme l’avait dit Mocquet, nous étions à la meilleure place.

Il était probable que le loup chercherait à gagner la forêt, et, par conséquent, déboucherait de notre côté.

Nous nous adossâmes chacun contre un chêne, à cinquante pas de distance l’un de l’autre.

Puis, sans bouger, retenant notre souffle, nous attendîmes.

Les chiens furent découplés sur la face opposée à celle que nous gardions.

Ils donnèrent deux coups de gueule et se turent.

Le garde champêtre entra derrière eux dans la remise, frappant les arbres avec son bâton et criant :

– Tayaut !

Mais les chiens, l’œil hors de la tête, les babines relevées, le poil hérissé, semblaient fichés en terre.

Il n’y eut pas moyen de leur faire faire un pas de plus.

– Hé ! Mocquet ! cria le garde champêtre, il paraît que c’est un crâne loup, car Rocador et Tombelle n’en veulent pas reprendre.

Mocquet se garda bien de répondre ; le bruit de sa voix eût indiqué à l’animal la direction où il trouverait des ennemis.

Le garde champêtre continua d’avancer en frappant contre les arbres. Les deux chiens le suivaient, mais prudemment, par-derrière, pas à pas, sans abois, et se contentant de gronder.