Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/77

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probabilité, avait sauvé la vie à Thibault ; car, à la façon dont Marcotte frappait, le patient serait mort avant le trente-sixième coup.

– Oui, dit-elle, s’il était bon pour ma grand-mère !

Thibault lui prit la main.

– Eh bien, Agnelette, dit-il, nous reparlerons de cela, et le plus tôt possible, mon enfant.

– Quand vous voudrez, monsieur Thibault.

– Et vous ferez serment de bien m’aimer si je vous épouse, Agnelette ?

– Est-ce qu’on peut aimer un autre homme que son mari ?

– N’importe, je voudrais bien un tout petit serment, quelque chose comme ceci, par exemple : « Monsieur Thibault, je vous jure de n’aimer jamais que vous. »

– À quoi bon un serment ? La promesse d’une brave fille doit suffire à un brave garçon.

– Et à quand la noce, Agnelette ? dit Thibault en essayant de passer son bras autour de la taille de la jeune fille.

Mais Agnelette se dégagea doucement.

– Venez voir ma grand-mère, dit-elle ; c’est à elle d’en décider ; pour ce soir, contentez-vous de m’aider à charger mon faix de bruyère ; car il se fait tard, et j’ai près d’une lieue à faire pour aller d’ici à Préciamont.

Thibault aida, en effet, la jeune fille à recharger la gerbe ; puis il la reconduisit jusqu’à la haie de Billemont, c’est-à-dire jusqu’à ce que l’on vît le clocher de son village.

Arrivé là, il pria tant la belle Agnelette, qu’elle lui laissa prendre un baiser à compte sur son bonheur futur.

Beaucoup plus émue de ce seul baiser qu’elle ne