Page:Dumas - Le Vicomte de Bragelonne, 1876.djvu/114

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— Pardon, monseigneur, mais cette dépêche est pour le roi.

D’Artagnan se mordit la moustache.

— Votre Majesté me permet de lui dire la vérité ?

— Dites, chevalier, dites.

— Eh bien, sire, vous me faites une peur affreuse… Si Votre Majesté arrange mon affaire, comme elle paraît en avoir envie, je suis un homme perdu, le duc me fera assassiner.

Le roi partit d’un nouvel éclat de rire, qui changea en épouvante la frayeur de d’Artagnan.

— Sire, de grâce, promettez-moi de me laisser traiter cette négociation ; et puis, si vous n’avez plus besoin de mes services…

— Non, chevalier. Vous voulez partir ? répondit Charles avec une hilarité de plus en plus inquiétante.

— Si Votre Majesté n’a plus rien à me demander.

Charles redevint à peu près sérieux.

— Une seule chose. Voyez ma sœur, lady Henriette. Vous connaît-elle ?

— Non, sire ; mais… un vieux soldat comme moi n’est pas un spectacle agréable pour une jeune et joyeuse princesse.

— Je veux, vous dis-je, que ma sœur vous connaisse ; je veux qu’elle puisse au besoin compter sur vous.

— Sire, tout ce qui est cher à Votre Majesté sera sacré pour moi.

— Bien… Parry ! viens, mon bon Parry.

La porte latérale s’ouvrit, et Parry entra, le visage rayonnant dès qu’il eut aperçu le chevalier.

— Que fait Rochester ? dit le roi.

— Il est sur le canal avec les dames, répliqua Parry.

— Et Buckingham ?

— Aussi.

— Voilà qui est au mieux. Tu conduiras le chevalier près