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Page:Dumas - Le Vicomte de Bragelonne, 1876.djvu/338

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Vers les trois heures de l'après-midi, le chevalier de Lorraine entra chez de Guiche. - Page 328.

— Ou bien que l’on boude, comme un homme accusé à tort, dit Bragelonne ; donnons à son départ le caractère de la bouderie, rien n’est plus facile ; nous dirons que nous avons fait tous deux ce que nous avons pu pour le retenir, et vous au moins ne mentirez pas. Allons ! allons ! de Guiche, vous êtes innocent ; la scène d’aujourd’hui a dû vous blesser ; partez, partez, de Guiche.

— Eh ! non, de Guiche, restez, dit le chevalier, restez, justement, comme le disait M. de Bragelonne, parce que vous êtes innocent. Pardon, encore une fois, vicomte ; mais je suis d’un avis tout opposé au vôtre.

— Libre à vous, Monsieur ; mais remarquez bien que l’exil que de Guiche s’imposera lui-même sera un exil de courte durée. Il le fera cesser lorsqu’il voudra, et, revenant d’un exil volontaire, il trouvera le sourire sur toutes les bouches ; tandis qu’au contraire une mauvaise humeur du roi peut amener un orage dont personne n’oserait prévoir le terme.

Le chevalier sourit.

— C’est pardieu ! bien ce que je veux, murmura-t-il tout bas, et pour lui même.

Et en même temps, il haussait les épaules.

Ce mouvement n’échappa point au comte ; il craignit, s’il quittait la cour, de paraître céder à un sentiment de crainte.

— Non, non, s’écria-t-il ; c’est décidé. Je reste, Bragelonne.