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OTHON L’ARCHER

s’était toujours fait remarquer par une gravité au-dessus de son âge, comme le tuteur d’Emma ; ce fut donc à lui que le landgrave rappela que l’époque était venue de remplacer les vêtements de deuil par les habits de fête. Albert se rendit au couvent, prévint Emma que le jeune Ludwig réclamait la promesse faite par sa mère. Emma rougit et tendit la main à Albert en lui répondant qu’elle était prête à le suivre partout où il la conduirait.

Le voyage n’était pas long, il n’y avait que la moitié du Rhin à traverser et deux lieues à faire le long de ses rives ; ce n’était donc point le trajet qui devait retarder le moment tant désiré par le jeune comte. Aussi, trois jours après l’expiration de sa quinzième année, Emma, accompagnée d’une suite digne de l’héritière de Ronsdorf, et, conduite par Albert, fut-elle remise aux mains de son seigneur et maître le comte Ludwig de Godesberg.

Deux années, pendant lesquelles la jeune comtesse mit au monde un fils qui fut appelé Othon, s’écoulèrent dans un bonheur parfait. Albert, qui avait trouvé une nouvelle famille, avait passé ces deux années tantôt à Ronsdorf, tantôt à Godesberg, et, pendant ce temps, avait atteint l’âge où un homme de noble race doit faire ses premières armes. Il avait, en conséquence, pris du service comme écuyer parmi les troupes de Jean de Luxembourg, roi de Bohême, l’un des plus braves che-