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OTHON L’ARCHER
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héron se leva des bords du fleuve. Othon alors se retourna vers l’archer qui était le plus près de lui et qu’on lui avait désigné comme un des plus habiles tireurs.

— Frère, lui dit-il, j’aurais grande envie pour ma toque d’une plume de cet oiseau ; vous qui êtes le plus habile parmi nous tous, rendez-moi donc le service de l’abattre.

— Au vol ? répondit l’archer étonné.

— Sans doute, au vol, continua Othon, voyez comme il s’élève lourdement ; à peine a-t-il fait dix pas depuis qu’il a quitté la terre, et il n’est qu’à une demi-portée de trait.

— Tire, Frantz, tire ! crièrent tous les archers.

Frantz fit un signe de tête indiquant qu’il se rendait à l’invitation générale plutôt par obéissance pour les ordres de l’honorable société que dans l’espoir de réussir. Il n’en visa pas moins avec toute l’attention dont il était capable, et la flèche, lancée par un bras robuste et par un œil exercé, partit, suivie de tous les regards, et passa si près de l’oiseau, qu’il en poussa un cri d’effroi auquel répondirent les acclamations de tous les archers.

— Bien tiré ! dit Othon, maintenant, à vous, Hermann, ajouta-t-il en se tournant vers l’archer qui se trouvait à sa gauche.

Soit que celui auquel il s’adressait se fût attendu à cette invitation, soit qu’il eût été entraîné par l’exemple, il était prêt au moment où Othon lui adressa la pa-