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OTHON L’ARCHER

tation avait remonté le Rhin, depuis l’endroit où il se perd dans les sables d’Ortrecht, jusqu’à celui où il sort faible ruisseau de la chaîne du Saint-Gothard ; depuis longtemps, Frantz et Hermann, qui avaient leur renommée à soutenir, désiraient se rencontrer avec ce terrible adversaire qu’on leur opposait toujours. Le procès venait d’être jugé sans qu’ils fussent éconduits ; l’avantage était resté à Mildar, qu’Othon seul avait constamment balancé.

Plus le nombre des tireurs diminuait, plus l’intérêt des spectateurs était augmenté. Aussi les quatre archers qui restaient dans la lice étaient-ils le but de tous les regards. Trois étaient déjà célèbres pour avoir disputé et emporté bien des prix ; mais le quatrième et le plus jeune était complètement inconnu à tout le monde ; chacun se demandait son nom, et nul ne pouvait en faire connaître d’autre que celui qu’il avait choisi lui-même : Othon l’archer.

Selon l’ordre alphabétique, Frantz devait tirer le premier. Il s’avança jusqu’à la limite marquée par une corde de gazon, choisit sa meilleure flèche, ajusta lentement en levant son arc de bas en haut, visa quelques secondes avec toute l’attention dont il était capable, puis lâcha la corde, et la flèche alla s’enfoncer en plein noir. Des acclamations partirent de toutes parts : Frantz se retira sur le côté pour faire place à ses camarades.

Hermann s’avança le second, prit les mêmes précau-