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OTHON L’ARCHER

reporta les yeux vers les tireurs. Mildar ramassait la bourse.

Restait Othon, que son nom avait rejeté le dernier et à qui l’adresse de Mildar ne paraissait laisser aucune chance. Cependant lui aussi avait souri comme la princesse, et, dans ce sourire, on avait pu voir qu’il ne se regardait pas encore comme battu.

Mais ceux qui paraissaient prendre l’intérêt le plus vif à cette lutte d’adresse étaient Frantz et Hermann. Frantz et Hermann vaincus, avaient reporté tout leur espoir sur leur jeune camarade. Eux n’avaient pas une bourse d’or à jeter à ses pieds, comme l’avait fait le comte de Ravenstein, mais ils s’approchèrent d’Othon et lui serrèrent la main.

— Songe à l’honneur des archers de Cologne, lui dirent-ils, quoiqu’en conscience nous ne sachions pas comment tu pourras le défendre.

— Je puis, répondit Othon, si l’on veut ôter la flèche de Mildar, enfoncer la mienne dans le trou que la sienne a fait.

Frantz et Hermann se regardèrent avec un étonnement qui tenait de la stupéfaction. Othon avait fait cette proposition d’un ton si calme et avec un tel sang-froid, qu’ils ne doutaient pas, d’après les preuves d’adresse que leur avait données Othon, qu’il ne fût en état de faire ce qu’il avançait. Or, comme une grande rumeur courait dans toute l’assemblée, ils firent signe qu’ils voulaient parler,