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OTHON L’ARCHER

jeune nièce Béatrix. Il laissa donc son armée, qui se composait de dix mille hommes à cheval et de soixante et dix mille fantassins, sous les ordres de ses frères Eustache et Beaudoin, leur adjoignit pour ce commandement provisoire son ami Rodolphe d’Alost, et descendit le Rhin de Cologne à Clèves.

« Il n’avait pas vu la jeune Béatrix depuis six ans. Pendant cette intervalle, elle était devenue, d’enfant, jeune fille ; on citait partout sa beauté naissante, qui devint si merveilleuse par la suite, qu’aujourd’hui encore, lorsqu’on veut parler dans le pays d’une femme accomplie sous ce rapport, on dit : « Belle comme la princesse Béatrix. »

« Godefroy tenta de nouveaux efforts auprès de son beau-frère pour obtenir de lui qu’il restât près de son enfant. Mais ce fut en vain, le prince avait déjà pris toutes les mesures pour accompagner le futur souverain de Jérusalem. Un écuyer, nommé Gérard, renommé par sa force et son courage, et qui possédait toute la confiance de son maître, fut choisi par lui pour protéger la jeune princesse, et reçut à cet effet tous les droits d’un tuteur et tout le pouvoir d’un mandataire.

« Quant à Godefroy, qui, dans un moment de prescience sans doute, voyait avec peine tous ces arrangements, il donna pour tout don à sa nièce un chapelet que je tenais entre les mains lorsque vous êtes entré tout à l’heure : il avait été rapporté de terre sainte par