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LES FRÈRES CORSES

curiosité sur ma ceinture de chasse et en louer l’arrangement, je le priai de l’accepter : il eut le bon goût de la prendre sans me faire répéter ma prière une seconde fois.

En ce moment, Griffo parut sur la porte.

Il venait m’annoncer que le cheval était sellé et que le guide m’attendait.

J’avais mis de côté l’offrande que je destinais à Griffo ; c’était une espèce de couteau de chasse, avec deux pistolets collés le long de la lame et dont les batteries étaient cachées dans la poignée.

Je n’ai jamais vu ravissement pareil au sien.

Je descendis et je trouvai madame de Franchi au bas de l’escalier ; elle m’attendait, pour me souhaiter le bon voyage, à la même place où elle m’avait souhaité la bienvenue. Je lui baisai la main ; je me sentais un grand respect pour cette femme si simple et en même temps si digne.

Lucien me conduisit jusqu’à la porte.

— Dans un tout autre jour, dit-il, je sellerais mon cheval et je vous reconduirais jusqu’au delà de la montagne ; mais, aujourd’hui, je n’ose pas quitter Sullacaro, de peur que l’un ou l’autre de nos deux nouveaux amis ne fasse quelque sottise.

— Et vous faites bien, lui dis-je ; quant à moi, croyez que je me félicite d’avoir vu une cérémonie aussi nouvelle en Corse que celle à laquelle je viens d’assister.