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LES FRÈRES CORSES

— Oui, oui, dit-il, félicitez-vous-en ; car vous avez vu une chose qui a dû faire tressaillir nos aïeux dans leurs tombeaux.

— Je comprends ; chez eux, la parole était assez sacrée pour qu’ils n’eussent pas eu besoin qu’un notaire intervînt dans la réconciliation ?

— Ceux-là ne se fussent pas réconciliés du tout.

Il me tendit la main.

— Ne me chargez-vous pas d’embrasser votre frère ? lui dis-je.

— Oui, sans doute, si cela ne vous dérange pas trop.

— Eh bien, alors, embrassons-nous ; je ne puis rendre que ce que j’aurai reçu.

Nous nous embrassâmes.

— Ne vous reverrai-je pas un jour ? lui demandai-je.

— Oui, si vous revenez en Corse.

— Non, mais si vous venez à Paris, vous.

— Je n’irai jamais, me répondit Lucien.

— En tout cas, vous trouverez des cartes à mon nom sur la cheminée de votre frère. N’oubliez pas l’adresse.

— Je vous promets que, si un événement quelconque me conduisait sur le continent, vous auriez ma première visite.

— Ainsi, c’est convenu.

Il me tendit une dernière fois la main, et nous nous quittâmes ; mais, tant qu’il put me voir descendant