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— Monsieur le duc n’est point encore revenu, dit l’huissier.

— C’est bien. Appelez mes valets de chambre et retirez-vous.

— Sire, la chambre de Votre Majesté est prête, et Sa Majesté la reine a fait demander les ordres du roi.

Henri fit la sourde oreille.

— Doit-on faire dire à Sa Majesté, hasarda l’huissier, de mettre le chevet ?

— Non pas, dit Henri, non pas. J’ai mes dévotions, j’ai mes travaux ; et puis je suis souffrant, je dormirai seul.

L’huissier s’inclina.

— À propos, dit Henri se rappelant, portez à la reine ces confitures d’Orient qui font dormir.

Et il remit son drageoir à l’huissier.

Le roi entra dans sa chambre, que les valets avaient en effet préparée.

Une fois là, Henri jeta un coup d’œil sur tous les accessoires si recherchés, si minutieux de ces toilettes extravagantes qu’il faisait naguère pour être le plus bel homme de la chrétienté, ne pouvant pas en être le plus grand roi.

Mais rien ne lui parlait plus en faveur de ce travail forcé, auquel autrefois il s’assujettissait si bravement. Tout ce qu’il y avait autrefois de la femme dans cette organisation hermaphrodite avait disparu. Henri était comme ces vieilles coquettes qui ont changé leur miroir contre un livre de messe : il avait presque horreur des objets qu’il avait le plus chéris.

Gants parfumés et onctueux, masques de toile fine imprégnés de pâtes, combinaisons chimiques pour friser les cheveux, noircir la barbe, rougir l’oreille et faire briller les yeux, il négligea tout cela encore comme il le faisait déjà depuis longtemps.

— Mon lit ! dit-il avec un soupir.

Deux serviteurs le déshabillèrent, lui passèrent un cale-