Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 2.djvu/15

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avait sans doute, pour être bien informé, des raisons qu’il n’avait pas cru devoir détailler à maître Nicolas Poulain.

Toujours est-il qu’il arriva suant et soufflant à l’hôtel Saint-Denis, au moment où le duc et la duchesse, ayant causé de leurs grandes affaires, M. de Mayenne allait congédier sa sœur pour être libre d’aller rendre visite à cette dame de la Cité dont nous savons que Joyeuse avait à se plaindre.

Le frère et la sœur, après plusieurs commentaires sur l’accueil du roi et sur le plan des dix, étaient convenus des faits suivants.

Le roi n’avait pas de soupçons, et se faisait de jour en jour plus facile à attaquer.

L’important était d’organiser la ligue dans les provinces du nord, tandis que le roi abandonnait son frère et qu’il oubliait Henri de Navarre.

De ces deux derniers ennemis, le duc d’Anjou, avec sa sourde ambition, était le seul à craindre ; quant à Henri de Navarre, on le savait par des espions bien renseignés, il ne s’occupait que de faire l’amour à ses trois ou quatre maîtresses.

— Paris était préparé, disait tout haut Mayenne ; mais leur alliance avec la famille royale donnait de la force aux politiques et aux vrais royalistes ; il fallait attendre une rupture entre le roi et ses alliés : cette rupture, avec le caractère inconstant de Henri, ne pouvait pas tarder à avoir lieu. Or, comme rien ne presse, continuait de dire Mayenne, attendons.

— Moi, disait tout bas la duchesse, j’avais besoin de dix hommes répandus dans tous les quartiers de Paris pour soulever Paris après ce coup que je médite ; j’ai trouvé ces dix hommes, je ne demande plus rien.

Ils en étaient là, l’un de son dialogue, l’autre de ses aparté, lorsque Mayneville entra tout à coup, annonçant que Borromée voulait parler à M. le duc.