— Je vais toujours te le dire, cet arrangement, pour ne rien avoir à me reprocher.
— Tais-toi ! dit Borromée, inutile, tais-toi !
— Écoute, dit Chicot, c’est pour ma conscience ; je n’ai pas soif de ton sang, comprends-tu ? et ne veux te tuer qu’à la dernière extrémité.
— Mais tue, tue donc, si tu peux ! s’écria Borromée exaspéré.
— Non pas ; déjà une fois dans ma vie j’ai tué un autre ferrailleur comme toi, je dirai même un autre ferrailleur plus fort que toi. Pardieu ! tu le connais, il était aussi de la maison de Guise, lui, un avocat.
— Ah ! Nicolas David ! murmura Borromée, effrayé du précédent et se remettant sur la défensive.
— Justement.
— Ah ! c’est toi qui l’as tué ?
— Oh ! mon Dieu, oui, avec un joli petit coup que je vais te montrer, si tu n’acceptes pas l’arrangement.
— Eh bien ! quel est l’arrangement, voyons ?
— Tu passeras du service du duc de Guise à celui du roi sans quitter cependant celui du duc de Guise.
— C’est-à-dire que je me ferais espion comme toi ?
— Non pas, il y aura une différence : moi on ne me paye pas, et toi on te payera ; tu commenceras par me montrer cette lettre de M. le duc de Guise à madame la duchesse de Montpensier ; tu m’en laisseras prendre une copie, et je te laisserai tranquille jusqu’à nouvelle occasion. Hein ! suis-je gentil ?
— Tiens, dit Borromée, voilà ma réponse.
La réponse de Borromée était un coupé sur les armes si rapidement exécuté, que le bout de l’épée effleura l’épaule de Chicot.
— Allons, allons, dit Chicot, je vois bien qu’il faut absolument que je te montre le coup de Nicolas David, c’est un coup simple et joli.