Le 10, un Te Deum avait été chanté par les alliés sur la place Louis XV.
Le 11, Napoléon avait signé son abdication absolue.
Le 12, il avait essayé de s’empoisonner.
Le même jour, pendant qu’il luttait contre le poison frelaté de Cabanis, le comte d’Artois entrait dans Paris.
Le 13, le sénat avait nommé ce prince lieutenant général du royaume.
Le 19, l’empereur, abandonné de tous, était resté sans un seul valet de chambre.
Enfin, le 20, il avait fait ses adieux aux aigles de la garde impériale. Il était parti pour l’île d’Elbe, juste le même jour et presque à la même heure où Louis XVIII arrivait à Compiègne.
Voilà ce qui s’était passé pendant ces quinze jours ; voilà les nouvelles qui étaient venues frapper successivement sur le timbre sonore de l’histoire, et qui avaient retenti de par le monde, sans que mon ignorante et insoucieuse jeunesse se fût émue à ses vibrations.
Qui m’eût dit alors qu’un jour je visiterais cette île d’Elbe, dont j’ignorais l’existence avant qu’on eût prononcé son nom devant moi, dont j’ignorais le gisement depuis que ce nom avait été prononcé ; qui m’eût dit qu’un jour je visiterais cette île d’Elbe avec le neveu de l’empereur ?
XXXI
Deux ou trois jours après notre retour à Villers-Cotterets, M. Collard} vint nous voir ; ma mère causa longtemps avec lui ; après quoi, il la quitta en lui donnant pour le soir rendez-vous chez M. Deviolaine.