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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/248

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

faire escorte à la voiture ; après quoi, nous continuâmes notre chemin.

Au bout de dix minutes, nous vîmes revenir Moreau. Il y avait, en effet, un attroupement devant la porte de M. Mennesson ; M. Mennesson pérorait au milieu de l’attroupement ; mais Moreau s’était approché de lui, lui avait parlé à l’oreille, et il avait disparu.

Restaient les gardes, que l’on disait commandés par un ancien officier nommé M. Boyer.

Cette résistance des gardes commandés par M. Boyer me paraissait d’autant plus étonnante que les gardes, comme je l’ai dit, étaient attachés à la maison d’Orléans, pour laquelle on m’accusait de faire des émeutes en province, et que M. Boyer, ancien officier destitué par la Restauration, devait tout à M. le duc d’Orléans.

Nous arrivâmes à la porte de Paillet ; nous étions attendus comme la première fois ; le souper était servi ; nous l’expédiâmes rapidement. Tous nos hommes soupaient dans la cour de Cartier.

Cependant, comme nous nous attendions à être attaqués d’un moment à l’autre, chacun soupait avec son fusil entre les jambes.

Le souper se passa sans encombre.

Pendant que nous étions à table, on avait renouvelé les chevaux du cabriolet et de la charrette. Vers dix heures du soir, nous nous remîmes en route, escortés, cette fois, par la garde nationale tout entière de Villers-Cotterets.

Nous nous étions séparés avec force embrassades et poignées de main de notre escorte de Soissons, qui avait fait six lieues en moins de quatre heures.

Arrivé au haut de la montagne de Vauciennes, et comme je nageais à plein corps dans ce bon sommeil dont Saverny reproche avec tant de mélancolie au bourreau de l’avoir tiré, je fus une seconde fois secoué par Hutin.

— Alerte ! alerte ! me dit-il.

— Quoi ?

— M. Boyer vous demande ; il veut se battre avec vous.