Page:Dumas - Une Année à Florence.djvu/111

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pas moins merveilleuse, et rien que la façon dont ils l’acquirent suffirait pour expliquer les précautions dont la république l’avait entouré, dans la crainte qu’il ne lui arrivât malheur.

Ce fut en 1101 que les croisés génois et pisans entreprirent ensemble le siège de Césarée. Arrivés devant la ville, ils tinrent un conseil de guerre pour savoir comment ils l’attaqueraient. Plusieurs avis avaient déjà été émis et combattus, lorsqu’un des soldats pisans, nommé Daimbert, qui passait pour prophète, se leva et dit :

— Nous combattons pour la cause de Dieu, ayons donc confiance en Dieu : il n’est besoin, ni de tours, ni d’ouvrages, ni de machines de guerre. Ayons la foi seulement, communions tous demain, et quand le Seigneur sera avec nous, prenons d’une main notre épée, de l’autre les échelles de nos galères, et marchons aux murailles.

Le consul génois Caput-Malio appuya l’avis ; tout le camp y répondit par des cris d’enthousiasme. Les croisés passèrent la nuit en prières, et le lendemain au point du jour, ayant communié, et sans autres armes que leurs épées, sans autres machines que les échelles de leurs galères, sans autres exhortations que le cri de Dieu le veut, guidés par le consul et le prophète, Génois et Pisans, se pressant à l’envi, prirent Césarée du premier assaut.

Puis, la ville prise, les Génois abandonnèrent aux Pisans toutes les richesses, à la condition que ceux-ci leur laisseraient le Sacra-Cattino.

Le Sacra-Cattino fut en conséquence rapporté de Césarée à Gênes, où dès lors il fut en grande vénération, tant par les souvenirs religieux que par les souvenirs guerriers qui se rattachaient à lui. On créa douze chevaliers Clavigeri, qui devaient, chacun à son tour et pendant un mois, garder la clef du tabernacle où il était renfermé, et d’où on ne le tirait qu’une fois l’an, pour l’exposer à la vénération de la foule ; alors un prélat le tenait par un cordon, tandis que tout autour de la relique étaient rangés ses douze défenseurs. Enfin, en 1476, parut une loi qui condamnait à la peine de mort quiconque toucherait le Sacro-Cattino avec de l’or, de l’argent, des pierres, du corail, ou toute autre