Page:Dumas - Vingt ans après, 1846.djvu/399

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

à un pareil miracle… Cinq minutes après, la voiture s’arrêta : elle était arrivée au Cours-la-Reine.

— Monseigneur est-il content de son escorte ? demanda le mousquetaire. — Enchanté, monsou, dit Mazarin en hasardant sa tête à l’une des portières ; maintenant faites-en autant pour la reine. — Ce sera moins difficile, dit d’Artagnan en sautant à terre. Monsieur du Vallon, je vous recommande Son Éminence. — Soyez tranquille, dit Porthos en étendant la main.

D’Artagnan prit la main de Porthos et la secoua.

— Aïe ! fit Porthos.

D’Artagnan regarda son ami avec étonnement.

— Qu’avez-vous donc ? demanda-t-il. — Je crois que j’ai le poignet foulé, dit Porthos. — Que diable, aussi, vous frappez comme un sourd. — Il le fallait bien, mon homme allait me lâcher un coup de pistolet ; mais vous, comment vous êtes-vous débarrassé du vôtre ? — Oh ! le mien, dit d’Artagnan, ce n’était pas un homme. — Qu’était-ce donc ? — C’était un spectre. — Et… — Et je l’ai conjuré.

Sans autre explication, d’Artagnan prit les pistolets qui étaient sur la banquette de devant, les passa à sa ceinture, s’enveloppa dans son manteau, et ne voulant pas rentrer par la même barrière qu’il était sorti, il s’achemina vers la porte Richelieu.