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Page:Dumas - Vingt ans après, 1846.djvu/400

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CHAPITRE LV.

LE CAROSSE DE M. LE COADJUTEUR.


lettrine Au lieu de rentrer par la porte Saint-Honoré, d’Artagnan qui avait du temps devant lui, fit le tour et rentra par la porte Richelieu. On vint le reconnaître, et quand on vit à son chapeau à plumes et à son manteau galonné qu’il était officier des mousquetaires, on l’entoura avec l’intention de lui faire crier à bas Mazarin ! Cette première démonstration ne laissa pas que de l’inquiéter d’abord ; mais quand il sut de quoi il était question, il cria d’une si belle voix que les plus difficiles furent satisfaits. Il suivit la rue de Richelieu, rêvant à la façon dont il emmènerait à son tour la reine, car de l’emmener dans un carosse aux armes de France il n’y fallait pas songer, lorsqu’à la porte de l’hôtel de Mme de Guéménée il aperçut un équipage… Une idée subite l’illumina.

— Ah ! pardieu, dit-il, ce serait de bonne guerre.

Et il s’approcha du carosse, regarda les armes qui étaient sur les panneaux et la livrée du cocher qui était sur le siége. Cet examen lui fut d’autant plus facile que le cocher dormait les poings fermés.

— C’est bien le carosse de M. le coadjuteur, dit-il ; sur ma parole, je commence à croire que la Providence est pour nous.

Il monta doucement dans le carosse, et tirant le fil de soie qui correspondait au petit doigt du cocher :

— Au Palais-Royal, dit-il.

Le cocher, réveillé en sursaut, se dirigea vers le point désigné, sans se douter que l’ordre vînt d’un autre que de son maître. Le suisse allait fermer les grilles, mais en voyant ce magnifique équipage, il ne douta pas que ce fût une visite d’importance, et laissa passer le carrosse, qui s’arrêta sous le péristyle.

Là seulement le cocher s’aperçut que les laquais n’étaient pas derrière la voi-