Page:Dumas fils - Théâtre complet, 1898 - Tome I.djvu/126

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grande dame, toi, et tu ne viens jamais nous voir ; sans cela, tu voudrais vivre tout à fait comme nous vivons. Tu crois vivre simplement ici ; que dirais-tu donc si tu voyais mes deux petites chambres de la rue Blanche, au cinquième étage, et dont les fenêtres donnent sur des jardins, dans lesquels ceux à qui ils sont ne se promènent jamais ! — Comment y a-t-il des gens qui, ayant des jardins, ne se promènent pas dedans ?

Gustave.

Nous avons l’air d’un roman allemand ou d’une idylle de Goethe, avec de la musique de Schubert.

Nichette.

Oh ! je te conseille de plaisanter, parce que Marguerite est là. Quand nous sommes seuls, tu ne plaisantes pas, et tu es doux comme un mouton, et tu es tendre comme un tourtereau. Tu ne sais pas qu’il voulait me faire déménager ? Il trouve notre existence trop simple.

Gustave.

Non, je trouve seulement notre logement trop haut.

Nichette.

Tu n’as qu’à ne pas en sortir, tu ne sauras pas à quel étage il est.

Marguerite.

Vous êtes charmants tous les deux.

Nichette.

Sous prétexte qu’il a six mille livres de rentes, il ne veut plus que je travaille ; un de ces jours, il voudra m’acheter une voiture.

Gustave.

Cela viendra peut-être.

Nichette.

Nous avons le temps ; il faut d’abord que ton oncle me regarde d’une autre façon et nous fasse, toi son héritier, moi, sa nièce.