Page:Dumas fils - Théâtre complet, 1898 - Tome VII.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

10 LA PRINCESSE DE BAGDAD. 1 JEAN. Jamais ! LIONNETTE, qui est entrée sur ces dernières paroles. Jamais ! — Si nous avons une somme supérieure ou égale à nos dettes, il faut les payer intégralement ; si nous n’avons qu’une somme inférieure, il faut la donner en acompte et chercher les moyens de nous procurer le reste ; si nous ne le pouvons pas, alors nous avons volé tous ces fournisseurs confiants et nous n’avons plus qu’une chose à faire, mon mari et moi, c’est de nous enfermer dans une chambre bien calfeutrée et bien close, d’allu¬ mer un réchaud de charbon et de mourir ensemble. La mort ne paye pas les créanciers, mais elle excuse un peu et elle châtie les débiteurs.

JEAN, lui baisant tes mains. Je t’adore ! RICHARD. Oui, c’est très gentil, mais c’est du drame ou du roman, ce n’est pas de la réalité. LIONNETTE. C’est tout ce qu’il y a de plus simple, au contraire, — pour moi, du moins : — ou la vie avec tout ce qu’elle peut donner, oula mort avec tout ce qu’elle peut promettre ; je ne comprends pas autre chose. Croyez-vous qu’après avoir vécu comme je l’ai fait, à mon âge, je vais me mettre à vivre dans une mansarde, à aller au marché et à comp¬ ter avec la blanchisseuse et la bonne à tout faire. Jen’aipas besoin d’essayer, je ne pourrais pas. Chien de chasse, chien de berger, si vous voulez :’chien d’aveugle, jamais ! RICHARD. Et votre fils ? LIONNETTE.

Mon fils, je ne le tuerai pas avec nous, c’est bien évi-