Page:Dumas fils - Théâtre complet, 1898 - Tome VII.djvu/13

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ACTE. PREMIER. H • dent ; mais il a six ans, mon fils ; on peut encore l’élever autrement qu’on ne m’a élevée, moi ! On peut lui faire prendre des .habitudes de travail et de médiocrité que je n’ai jamais eues. Il aura les dix%mille livres de rente de son père, le majorât inaliénable, qui seraient la misère pour nous, qui seront l’indépendance pour lui. Les hom¬ mes n’ont pas besoin d’argent ; ils n’en ont besoin que pour leur femme. Ce sera à lui de ne pas aimer une prodigue comme moi, et notre exemple lui servira peut- être. RICHARD. Là ! — maintenant que nous avons bien dit, ou plutôt que vous avez bien dit l’inutile et l’insensé, parlons du possible. Il y a longtemps que vous n’avez vu la baronne de Spadetta ? LIONNETTE. Je vois le moins de femmes possible, mon cher Richard, vous le savez bien. Celles qui viendraient à moi, je ne dé¬ sire pas les voir ; d’autres ont eu l’air de vouloir trop se faire prier, qu’elles restent chez elles ; chacun est libre. Les femmes, d’ailleurs, ne sont pour les autres femmes que des ennemies ou des complices ; des ennemies, j’en ai bien assez au dehors, sans en attirer chez moi ; des complices, je n’en ai pas encore eu besoin et j’espère continuer. Je me contente de la société des hommes ; au moins, avec eux, on sait à quoi s’en tenir, on sait bien ce qu’ils veulent. Quant à madame de Spadetta, cela va tout seul : elle m’a volée. Alors, je Fai mise à la porte, ou à peu près. En tout cas, je ne veux plus la voir. RICHARD. Elle vous a volée ! comment ? LIONNETTE. Elle connaissait ma mère depuis mon enfance : elle était quelquefois notre intermédiaire, à ma mère èt à