Page:Dumas fils - Théâtre complet, 1898 - Tome VII.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE PREMIER. 19- » « prend le plus l’amour au sérieux. C’est un Antony mil¬ lionnaire, et, à notre époque, c’est curieux. ! GODLER. Et utile.

Richard et Jean, qui ont causé dans un coin, du salon s’acheminent vers la terrasse où ils causent encore en vue du public. NOURVADY. « Je ne sais pas pourquoi Trévelé me prend toujours à partie à propos de ma fortune, dont je parle cependant le moins possible. Je suis riche ; ce n’est pas ma faute. Si cela eût dépendu de moi-seul, cela ne fût certaine¬ ment pas arrivé. Je suis un trop petit espritpour pouvoir gagner quarante millions. Heureusement, j’avais un père très intelligent et en même temps très honnête. Ce père avait, à Vienne, une grande maison de banque quia prospéré. Il est mort me laissant quarante millions. Il m’a bien fallu me résigner à les prendre. LIONNETTE, riant. Résignation facile, je crois et que j’aurais comme vous. NOURVADY. Hé ! madame, la fortune est une charge comme une autre, pour un homme du moins, car les femmes ont pour dépenser l’argent plus de grâce etd’espril que nous. Mais avec beaucoup de simplicité, quelques efforts intel¬ lectuels, un peu d’ingéniosité dans la manière de rendre service, il y a quelquefois moyen de s’en tirer, pour un homme. TRÉVELÉ. Et vous vous en tirez très bien, mon cher ! Si nous vous plaisantons sur vos millions, c’est qu’ils sont la seule chose qu’on puisse plaisanter en vous. NOURVADY, lui tendant la main. Croyez bien, mon cher Trévelé, que je ne me blesse jamais de vos plaisanteries.