Page:Dumas fils - Théâtre complet, 1898 - Tome VII.djvu/23

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ACTE PREMIER. ’21 Ll ONNETTE, riant. Il était bien ennuyeux. NOURVADY. Ce n’a pas été la seule raison de sa mort. Il avait d’autres défauts. Il était insolent et surtout menteur. LIONNETTE. Quelle insolence avait-il dite ? Quel mensonge avait-il fait ? Je parie qu’il s’agissait d’une femme. Richard est parti. Jean entend tout ce qui sc dit appuyé sur le dossier du canapé sur lequel sa femme est assise. NOURVADY. Non, madame ; il s’agissait piètrement de moi. M. de Marnepont m’avait calomnié ; il avait dit que j’étais bossu, ce n’était pas vrai. J’ai seulement une épaule, la gauche, un peu plus haute que l’autre. LIONNETTE. Cela ne se voit pas. NOURVADY. Cela ne se voit plus, depuis ce duel surtout. En tout cas, personne ne le dit plus. Mon père avait vraiment le dos rond, lui, à la fin de sa vie, principalement ; il avait beaucoup travaillé, penché sur un bureau. Cela voûte à la longue. Pauvre père ! il me disait : «Tu as une épaule plus haute que l’autre, la gauche ; tu tiens cela de moi ; je t’en demande pardon, et je tâcherai de te laisser de quoi te le faire oublier. Mais il y aura des gens qui se moqueront d’autant plus volontiers de toi que tu seras très riche. Sois donc très fort à toutes les armes : cela égalisera tout. » J’ai suivi le conseil de mon père et je m’en suis trouvé à merveille. Du reste, M. de Marnepont tirait très bien le pistolet ; c’est poür cela que j’avais choisi cette arme. J’étais l’offensé, je voulais lui faire la partie belle. On pouvait tirer à volonté, il a tiré le