Page:Dumersan et Brazier - Monsieur Cagnard ou les Conspirateurs.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Cagnard.

En Russie ! et c’est là que sont vos amis les plus chauds !… je ne m’en serais pas douté, par exemple ! Mais pour aller à Saint-Pétersbourg peut-on passer par Saint-Quentin ?

Juliette.

Que voulez-vous y faire ?

Cagnard.

Je devais m’y marier.

Juliette.

Avec qui ?

Cagnard.

Avec la fille d’un marchand de rubans.

Juliette.

Fi donc !…

Cagnard.

Au fait, c’est une petite boutiquière… mais je suis engagé avec le père.

Juliette.

Je vous dégagerai ; j’arrangerai tout cela.

Cagnard.

Vous en êtes bien capable.

Juliette.

Ce soir, je vous donnerai vos lettres de créance comme envoyé extraordinaire.

Cagnard.

C’est extraordinairement flatteur.

Juliette.

Je vous donne douze heures pour partir. En attendant, vous allez me faire un plaisir.

Cagnard.

Avec plaisir.

Juliette.

Regardez bien si personne ne peut nous surprendre.

Cagnard.

J’y vais.

(Il fait le tour du théâtre et va regarder à la porte.)
Juliette, écrivant pendant ce temps-là.

« Mon cher Prosper, je tiens M. Cagnard, il est plus bête que je ne croyais ; il me prend dans ce moment pour le Fils de l’Homme. Viens avec tes amis, tout ira à merveille. Je t’embrasse. »

Cagnard, revenant.

Il n’y a pas de danger.

Juliette.

Vous allez porter cette lettre au corps-de-garde voisin.

Cagnard.

Ah ! la garde nationale en est !