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qui en jouissent n’en ont aucun droit réel, et c’est quand ils y sont parvenus par la déception les fausses promesses, l’injustice commise en flattant et servent les passions populaires et l’esprit de parti en ce qu’ils ont de répréhensibles. Combien de fois cette popularité n’est-elle pas le prix que le peuple paye à des chefs pour le tromper, le trahir et le vendre ! Les vices et les folies d’un chef populaire ne deviennent que trop souvent populaires eux-mêmes.

Quand le peuple est libre, il juge mieux des hommes par leurs bonnes ou leurs mauvaises actions ; il est alors susceptible de séparer le vice de la vertu, et le juste de l’injuste ; ainsi, sous un bon gouvernement, où la corruption est exclue, les hommes les plus vertueux, les plus animés du bien public, sont ordinairement les plus populaires : les plus dignes sont les plus estimés. Mais lorsque l’or ou la terreur interviennent, et que le gouvernement se tourne en faction, le jugement du peuple se vicie ; et alors on le voit préférer les hommes les plus vils, qui savent mieux se prêter à ses vices et à ses passions mauvaises, qui savent mieux employer, sans honte, tous les moyens de corruption en leur pouvoir.

Qui fut plus aimé à Rome que Spurius Me-