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Page:Dumont - Éloge de Malesherbes, 1821.djvu/27

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L’Inde, la Palestine et les bords Idumées
Étalent dans ses bois leurs tiges étonnées,
Qui semblent applaudir entre elles à l’honneur
Dont la vertu pourvoit leur digne possesseur.
Elles aiment les soins que donne à leur culture
Cet illustre savant qui chérit la nature.
Les cèdres, les palmiers inclinent leurs rameaux
Sur ce front vénérable aimé de ces coteaux.
Sous leur ombrage frais délassant sa pensée,
Des tableaux si rians l’ont bientôt renforcée.
Les arbustes, les fleurs, odorans, précieux,
De son asile ont fait un lieu délicieux,
Ils charment les regards de cet homme sincère
Qui de leurs attributs connaît tout le mystère.
Ils semblent redoubler leurs parfums, leurs couleurs,
Pour tâcher d’adoucir les plus grandes douleurs
Que son ame ressent des maux de sa patrie.
Mais, ô forfait affreux ! ô rage, ô barbarie !
Ce généreux Français qui pendant soixante ans,
Fit entendre sa voix, ses discours éloquens
Pour le bonheur du peuple… à ses champs on l’enlève,
Et cet acte inhumain sans obstacle s’achève.
Quelle rigueur, hélas ! et quelle cruauté !
Ce jour le voit plonger dans la captivité.
Ces cheveux tout blanchis pour la cause commune
Ne le sauveront point d’une atroce infortune…
Mais sa détention lui montre des vertus ;
Dans ces prisons il voit d’illustres détenus,
Des grands noms qui jadis l’honneur de notre France,
Maintenant sont proscrits pour leur haute naissance.