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À gauche, trois boudoirs avec leur cabinet de toilette et leur salle de bain.

Derrière, la véranda et le jardin anglais.

Au premier étage, six somptueuses chambres de maître et cabinets de toilette.

Au deuxième, loge le personnel : six nymphes — des amours de jeunes filles — la femme de charge, la bonne et la cuisinière.

Mme Olympe gouvernait ce petit monde en grande sœur et elle en était adorée.

Elle avait trente-six ans, des yeux de velours scintillants sous de longs cils soyeux, des perles dans la bouche, un corps de Transtévérine ; c’est tout dire. Olympe était un nom de guerre ; la maquerelle se nommait Angelica Crosa. Sa patrie était Rome ; pour elle c’était toute l’Italie. À dix-sept ans elle sortait du couvent. Six mois après, elle était la maîtresse d’un sybarite, le vieux comte M…, chevalier de Malte, qui mourut bientôt dans ses bras d’une jouissance rentrée.

Un cardinal sut apprécier ses talents, il l’installa dans une villa à Frascati et lui alloua une pension mensuelle de mille lires.

Un soir que le prince de l’Église, épanoui dans un fauteuil, savourait sa beauté agenouillée à ses pieds, il eut une crampe, qui l’emporta ab intestat.

Elle prit le deuil et alla à Ravenne, où, se donnant pour la nièce de son amant, elle fut reçue avec