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BAAL

— Vite !

Alors commença une course démoniaque. Devant Palmyre, une carte aux vingt millièmes se déroulait seule, maintenant toujours un curseur en contact avec la route au point exact où nous étions. Les variations transversales étaient enregistrées avec la même précision que le déplacement longitudinal. Bientôt la nuit vint. Deux phares d’une extraordinaire puissance lumineuse éclairaient la route devant nous. Il me parut que tout ce qu’on croisait, voitures automobiles, attelage, piétons, était sidéré et écarté de notre route, comme par une sorte de force occulte. Je vis au passage trois limousines versées dans les fossés, avec l’apparence qu elles eussent gardée si on les y avait poussées. Pourtant la route était large. Nous passâmes Étampes, puis Orléans. Je connaissais la route, que j’avais déjà parcourue sur la voiture de course de William Smitt, le coureur de la firme Cadillac, qui était un vieil ami mien de Californie. À Manhattan-Beach, Smitt avait fait le mille, départ lancé, en dix secondes et une fraction, ce qui tournait autour de quatre cent quatre-vingt kilomètres à l’heure. En Beauce, il m’avait fait faire des lignes droites à cent soixante-dix. Voilà qui s’avère, pour nos