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routes, tragiquement rapide, si bien qu’on sent durant cette course le train arrière à la limite d’adhérence au sol. Le plus petit ressaut ne prenant qu’une des deux roues motrices, lorsque deux cents chevaux travaillent l’essieu, court le risque de le tordre comme une vrille, et alors, quel saut ! Or, avec Palmyre, et en pleine nuit, nous faisions certainement plus de cent à l’heure, et c’était terrifiant dans les courbes, lorsque la force tangentielle rejetait les ressorts, et qu’on se sentait arrachée de soi au fond de soi-même.

Nous arrivâmes dans le Blésois. Depuis Orléans, la route côtoyait la Loire, et nous brûlâmes Blois comme un éclair. Je vis au sortir de la ville, devant notre voiture jetée follement sur la route, un. cycliste s’aplatir sur un mur, à notre gauche. On eut dit qu’une irrésistible force l’avait écarté et projeté en tempête hors notre axe de marche. Je pensai que nous courions entourés d’une « aura » qui vidait devant nous la route.

Bientôt nous entrions en Touraine par Amboise, puis nous arrivâmes à Tours. La grand’route coupe la ville en deux et en constitue alors la rue principale. Je vois au bas de la descente d’arrivée notre voiture se lancer