Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/112

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Elle articula d’une voix lointaine et délicate, noyée et caressante :

— Jean !

Il crut qu’on l’interrogeait et peut-être en effet y avait-il une interrogation dans le seul mot que Lucienne avait dit.

Il prononça difficilement, car une sorte de contraction spasmodique de la gorge lui était à la fois douce et dure :

— Lucienne ?

Mais il ne bougea pas, retenant la bouche aimée, qui, sur ses propres lèvres, promenait une douloureuse et profonde félicité.

Alors, poussée par un désir cuisant, et sans doute par la colère de sentir cet homme si amorphe, elle le mordit violemment. Il sentit le goût du sang avant la douleur. Elle s’éloigna alors, la bouche serrée, blême et glaciale, puis murmura :

— Quelles folies nous allions faire !

Ces mots parurent n’avoir aucun sens, tant elle les avait dits de façon négligente et hautaine.

Il la regarda, congestionné, devinant très bien ce qu’il aurait pu prendre et qu’une femme n’offre jamais pour se le voir refuser. I] voulait retrouver sa pensée flottante. Pourquoi s’avisait-il de croire qu’un homme doit attendre une autorisation totalement et expres-