Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/164

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t-elle. Allons, viens, je suis une Dué, mais accueillante pour les beaux gosses comme toi.

Il dit caverneusement :

— Je suis Jean Dué, le fils du bâtonnier.

Elle se tut à son tour, ahurie.

— Vrai de vrai ?

— Parfaitement.

— De quelle rue ?

— Mon père est le Dué de la rue Royale.

La femme reprenait sa gaîté.

— Eh ben… Il vous en arrive de drôles en ce métier ! Alors nous sommes parents. Mais un doute lui vint.

— Je le connais, le fils Dué, il va en classe encore. Attends que j’allume un tison, je verrai bien si tu me le bourres.

Elle le mena dans une sorte de minuscule cul-de-sac.

Il suivit encore. Une fois au fond elle fit flamber une allumette et tous deux se regardèrent avec une cuisante curiosité.

Jean n’avait aucune idée des nécessités qui peuvent mener une femme à se prostituer. Il croyait, comme tant de gens, que c’est seulement le résultat du vice, et d’une sorte de passion maladive. Naturellement il cultivait un mépris hautain de ce qui touche aux infamies sexuelles. Au début il imaginait donc celle qui l’accostait comme une abjecte maritorne. Mais sachant