Jean Dué songea soudain que cette solitude signait le caractère anormal de son aventure.
En effet, la ville comptait de nombreux jeunes gens comme lui. Comment se faisait-il qu’il fût seul à rêver en ce moment en tel lieu fait pour le rêve ?
Jean se connut alors bien pauvre et bien petit devant le poids d’une réalité, inédite peut-être, et dont il devrait seul inventer et imposer les solutions. Pauvre Lucienne ! Sans doute se faisait-elle en ce moment les mêmes réflexions. Et le jeune homme, comme un vrai poète romantique, se sentit prêt d’admettre que son amour fût unique ici-bas.
L’orgueil lui vint.
Cette fois il avait un principe d’action.
Qu’est-il en effet besoin de se tourmenter des morales courantes lorsqu’on aime, et de telle sorte que cet amour échappe aux règles admises. Les éthiques sont-elles valables pour César et Napoléon ? L’amour est comme la guerre, il met l’homme au-dessus des lois…
Il pensa : « Je suis seul juge de mes actes… »
Mais aussitôt, douchant cette orgueilleuse certitude, une voix profonde dit en lui : « Tu n’as même pas osé, l’autre jour, embrasser toi-même ta cousine. »
Une colère lui vint. C’était la vérité ! Ainsi