Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/66

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Elle comprit son embarras, et que, peu à peu, par tous chemins il en viendrait à lui dire qu’il l’aimât d’amour.

Elle ne l’aimait pas. Cette verbosité tumultueuse de l’étudiant l’agaçait désormais. Elle n’avait pas conscience de s’être offerte un instant plus tôt ; et qui le lui eût dit l’aurait indignée. Pourtant elle savait avoir désiré une familiarité plus franche, moins éloquente et surtout plus fraternelle. Son cousin était riche et cela la propensait déjà à la déférence. Elle se serait complu par conséquent à le respecter. La différence des castes était pour elle un fait acquis et hautement justifiable. Mais il fallait que Jean sût aussi comprendre en quoi sa propre qualité lui donnait un droit, une sorte d’autoritaire puissance devant laquelle sa cousine aimerait à plier. En un sens, lorsqu’elle tentait le jeune homme, c’était moins pour son plaisir personnel à elle, que pour l’aider à rétablir, lui, la hiérarchie sociale qu’il laissait tomber en quenouille.

Ce sentiment était, bien entendu, confus dans cette enfantine Psyché. Tous deux se trouvaient toutefois séparés par un abîme, dans leur ardent désir de se rapprocher.

Ils en avaient conscience. Jean s’en irrita. Il accusait les siens de n’avoir pas su l’éduquer pour des circonstances si importantes et qu’en