Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/80

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sine qu’il fût un petit apprenti en matière d’amour.

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Il revoyait toutes les minutes passées là-haut avec Lucienne. Au fond, elles lui laissaient un souvenir délicat et parfait, que nul regret ne venait polluer. Il pourrait donc, dans sa vie, garder mémoire de cette nuit curieuse sans y mêler aucune amertume née d’actes fâcheux.

Pourtant, au fond de lui-même, veillait un étrange désir informulé.

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Le jour était venu. Grisâtre et triste, il convoyait, eût-on dit, une humidité glaciale dans sa lumière fade. Jean Dué rêvait, l’esprit vide et le cœur las. La fuite de sa cousine lui offrait un sujet de curiosité toujours renaissant. Non pas qu’il mit en doute sa légitimité. Il pensait en effet qu’à certaines circonstances on ne peut faire face que par des actes libératoires qui attentent aux communs préjugés. Mais devant la jeune destinée de Lucienne cela n’en ouvrait pas moins de terribles perspectives. Il avait l’esprit juste et savait penser avec méthode, aussi admettait-il encore l’acte accompli sur lequel on ne saurait revenir. De toute évidence, Lucienne ne pouvait plus reparaître chez ses parents sans danger. Mais le danger était-il moins grand dans la vie d’aven-