Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Bonjour, Jean !

— Bonjour, Lucienne ! Vous savez que la bonne vient de rentrer.

— Elle est rentrée ?…

Ne se souvenant plus de ce qui lui avait été dit avant son coucher, elle crut à quelque catastrophe et se leva avec épouvante.

— Elle est…

— N’ayez pas peur, Lucienne.

— Mais elle va me trouver…

Le joli visage exprima soudain une terreur folle. Jean en fut douloureusement surpris. Faut-il que de pauvres êtres sans maîtrise d’eux-mêmes se laissent ainsi défaire et abêtir ?

— Ne tremblez pas, Lucienne. Habillez-vous et je vais vous mener là où j’avais dit. Vous redescendrez pour déjeuner et nous serons seuls à nouveau.

— Elle n’a rien vu ?

— Mais non, Lucienne. Je ne l’ai pas vue moi-même. J’ai entendu qu’elle arrivait.

Tout cela s’ordonnait mal dans ce cerveau de fillette. Elle ne concevait pas la discipline ancillaire, et imaginait Angèle rôdant désormais dans la maison.

— Allons, Lucienne, habillez-vous vite.

Il avait dit cette phrase en riant, mais elle y vit un ordre si catégorique que sa terreur revint.