Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/98

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Lucienne se mit à rire franchement. Repue et satisfaite de vivre, elle retrouvait son audace quotidienne que justifiait ce grand garçon aux gestes de nonne et qui semblait craindre de l’approcher.

— Ma conversation, Jean, c’est une conversation de femme, ça vous… ça vous offusquerait.

Il fut suffoqué.

— Comment, ça m’offusquerait ! Vous me croyez donc tout à fait ingénu ?

Elle fit « oui » de la tête avec un demi-sourire subtil.

Il devint écarlate, autant de colère que de honte.

— Si je voulais, pourtant, je vous en dirais…

— Dites, Jean.

— Je vous ferais sauver…

— Sauver, pourquoi ça ?

— Parce que vous seriez trop honteuse.

Elle s’amusait beaucoup.

— Peut-être bien, après tout. Faites voir si je vais me sauver.

Pris au piège il se trouva sot.

Au bout d’une minute, il s’approcha courageusement du lit où reposait Lucienne sous la pelisse et s’assit à hauteur des hanches. Son cœur se mit à battre.

— Lucienne !