Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/207

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On prétendait même que le Pape négociait en sous-main avec les Arabes.

Ioanna, après avoir atteint une immense renommée, constata alors avec joie qu’on l’oubliait un peu. Toute l’attention se trouvait concentrée autour d’un moine de l’abbaye de Prum, qui faisait, affirmait-on, des miracles.

Elle vivait toujours de la même façon prudente et savait obtenir du Pape qu’il chassât les envoyés des abbayes du bord du Rhin.

Elle avait pour cela affirmé que, selon ses renseignements personnels, des épidémies très dangereuses régnaient là-bas. Or le Pape avait la faiblesse de tenir à sa vie…

Cependant, Ioanna devenait nerveuse. La chair la tourmentait. Après avoir vécu d’une vie qui aurait pu lui donner le dégoût des désirs mâles, et qui les lui avait apportés un temps, en effet, une réaction se faisait en ses sens.

Elle ne voulait point appartenir à un homme de son milieu ecclésiastique, et il eût été prodigieusement dangereux pour elle de se donner à un Romain laïc, qui aurait partout publié sa conquête.

C’est alors qu’elle conçut un moyen de se satisfaire et pensa le faire sans danger.

Un soir qu’elle se sentait plus énervée que jamais, elle prit des vêtements féminins, achetés la veille dans un quartier misérable